Une base de données pour découvrir la traite négrière

Cet article est la traduction de l’un de mes précédents posts concernant une base de données sur le commerce triangulaire, que vous pouvez retrouver à l’adresse www.slavevoyages.org.

Ce site, créé par l’Université d’Emory, est la base de données la plus complète que j’ai pu trouver sur le commerce d’esclaves entre l’Europe, l’Afrique et ce qui était alors le nouveau monde. En effet, la « base de données du commerce transatlantique d’esclaves » [traduction littérale] recense des informations sur plus de 35 000 voyages, au cours desquels furent embarqués quelques 9,4 millions d’Africains entre le 16^ème et le 19^ème siècle.  Pendant ces trois siècles le trafic d’êtres humains fut l’un des plus importants et des plus lucratifs au monde (avec l’or et les diamants découverts en Amérique). A l’époque il s’agissait cependant d’un trafic légal, immoral peut-être mais légal. Aujourd’hui prohibé dans tous les pays du monde, il représente tout de même le troisième trafic (illégal cette fois) le plus lucratif, derrière la drogue et la contrefaçon.

Grâce aux nombreuses possibilités qu’offre la base de données, il est possible de connaitre précisément :

• Le nombre d’esclaves embarqués
• Combien sont arrivés en vie (ce qui est un moyen de réaliser à quel point les conditions de transport étaient déplorables…)
• D’où les bateaux partaient

Où est ce qu’ils accostaient le plus, c’est-à-dire où le commerce d’esclave était le plus florissant

Par exemple, j’ai été très surpris de découvrir que le Brésil avait « accueilli » plus d’un tiers des esclaves venus d’Afrique (3,5 millions !!). Entre 1576 et 1600, seulement mille personnes furent vendues là-bas, un siècle plus tard ce montant fut multiplié par 80 ! Et, à son apogée (si l’on peut utiliser ce mot) entre 1800 et 1825, plus d’un million d’Africains furent débarqués au Brésil tels de vulgaires marchandises, principalement dans le Sud-Est du pays (550 000).

Comme vous pouvez le constater sur le tableau ci-dessus, la destination principale était les îles Caraïbes (4,9 millions, plus de la moitié), suivies par le Brésil, l’Amérique du Nord (366 000) et l’Amérique centrale (359 000). Il est intéressant de noter que l’Europe n’a « importé » que très peu d’esclaves (seulement 11 000), bien qu’ils furent les plus impliqués dans le commerce triangulaire.

Le site offre de très nombreuses possibilités : il est possible de personnaliser les dates, de faire des zooms sur les régions africaines pour voir exactement d’où embarquaient les esclaves, de réaliser des graphiques, des statistiques… En résumé il s’agit vraiment d’un outil formidable si l’on s’intéresse un tant soit peu à la question. En plus des données, des reproductions des cartes et des registres de l’époque permettent de mieux se rendre compte de la manière dont fonctionnait ce marché qui, s’il peut paraitre barbare vue de loin, était extrêmement élaboré.

Si l’Histoire africaine vous intéresse, ou celle de l’esclavage, c’est peu dire que je vous recommande de fouiner sur ce site. Pour les curieux qui iront voir, n’hésitez pas à apporter des compléments d’informations si le cœur vous en dit !

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