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Fight Slavery !

Le "top" des pays où l'esclavage est le plus fort

November 27 2014, 17:20pm

Posted by Guillaume

Le "top" des pays où l'esclavage est le plus fort

La semaine dernière, l’ONG australienne Walk Free a publié son étude annuelle sur l’esclavage dans le monde. Et il est peu dire qu’il s’agit d’une claque : jusqu’à ce jour il était établi que 29,8 millions de personnes vivaient dans des conditions d’esclavage moderne de par le monde, il y en aurait en réalité six millions de plus, soit 35,8. Cela représente une augmentation de 20,2%, absolument énorme… Je vous propose ici de revenir sur les pays comptant le plus d’esclaves par habitant. Voici pour l’instant le top 5, je détaillerai le reste du top 10 la semaine prochaine.

 

1. Mauritanie : 155 600 esclaves, soit 4% de la population
L’année dernière, la Mauritanie (3,9 millions d’habitant) possédait déjà le triste record du pays ayant le plus fort taux d’esclavage. En général, les hommes et les enfants sont employés dans les champs, ou pour garder les troupeaux (chameaux, chèvres, vaches…), tandis que les femmes sont employées (enfin…) pour les tâches ménagères : cuisine, ménage, bonnes pour les enfants… Sans parler, bien sûr, des mariages forcés.

Au cours des douze derniers mois, le gouvernement a pourtant adopté un plan d’action afin de contrer la pratique de l’esclavage. Dans ce cadre, un tribunal a vu le jour pour traiter spécialement des cas relatifs à l’esclavage. Cependant, cela pourrait prendre plusieurs années avant que tout le système se mette en marche et devienne efficace. La preuve ? La Mauritanie considère l’esclavage comme un crime depuis 2007, il n’y a pourtant eu qu’une seule condamnation depuis…

2. Ouzbékistan : 1,2 million d’esclaves, soit 3,97% de la population
L’Ouzbékistan (30 millions d’habitants) a connu une augmentation dramatique du nombre d’esclaves : en 2013, « seulement » 166 000 étaient recensés, ils sont aujourd’hui 1,2 million… Ce boom s’explique grandement par la dépendance du pays à sa production et ses exportations de coton (15% du PIB !). En effet, lorsque le temps des récoltes arrive, le gouvernement lui-même impose à sa population (hommes, femmes, enfants) d’aller participer durant un ou deux mois. En 2013, onze personnes ont trouvé la mort à cause des récoltes, des suites de mauvais traitements ou d’accidents. Il faut dire que les conditions sont difficiles : du travail douze heures par jour, des pauses très courtes, une chaleur accablante et très peu d’eau pour s’hydrater.
Comme le rapporte Walk Free, le gouvernement ouzbek est d’accord pour collaborer avec l’Organisation Internationale du Travail (OIT) afin de mener une étude sur les pratiques d’embauche au sein de l’industrie agricole. Le gouvernement a même demandé l’aide de l’OIT pour l’aider à mettre en place un cadre réglementaire. Sur le papier l’initiative est louable, mais dans un pays autoritaire comme l’Ouzbékistan ce n’est pas forcément la preuve que tout va changer.

3. Haïti : 237 700 esclaves, soit 2,3% de la population
En Haïti (10,3 millions d’habitants), la plupart des victimes de l’esclavage sont des enfants, qui travaillent en tant qu’employés de maison au sein de familles plus aisées. Dans ce pays, ces enfants portent un nom : les restaveks. Le « système restavek », vieux de plusieurs siècles, est une pratique malheureusement profondément ancrée, et que le tremblement de terre de 2010 a relancé. De leur côté, les adultes en situation d’esclavage sont exploités dans les travaux agricoles ou la construction.
En 2014, le gouvernement a entériné l’adoption d’une nouvelle loi relative au trafic d’êtres humains, en criminalisant le recrutement, le transfert et la réception d’adultes ou de mineurs.

4. Qatar : 29 400 esclaves, soit 1,35% de la population
Est-il encore utile de présenter le Qatar et ses 2,1 millions d’habitants ? En 2022, le petit émirat devrait accueillir la première coupe du monde de football de son Histoire, la première dans un pays du Golfe d’ailleurs. Etant donné le manque d’infrastructure (peut-être car le Qatar n’est absolument pas une nation de football ?), des dizaines de milliers de travailleurs asiatiques et africains s’affairent afin de construire des stades et des routes pour y accéder.
Le problème, c’est qu’il existe au Qatar le système kafala. C’est-à-dire que les travailleurs étrangers doivent confier leur passeport à leur employeur au moment de leur arrivée. Incapables, à partir de là, de quitter le pays sans le consentement de leur employeur, les salariés deviennent plutôt des esclaves. Une main d’œuvre mal payée et qui évolue dans des conditions déplorables, parfois battue. Depuis le début des chantiers, 1200 personnes auraient déjà trouvé la mort, et, malgré les protestations, aucune mesure significative n’a été entreprise afin d’améliorer les conditions générales.

5. Inde : 14,2 million d’esclaves, soit 1,1% de la population
En valeur absolue, l’Inde est le pays comptant le plus d’esclaves au monde (14,2 millions), loin devant la Chine où ils seraient 3 millions. Cela représente une augmentation de 200 000 par rapport à l’année dernière, alors même que le gouvernement a promis de tacler ce fléau. L’esclavage en Inde est surtout dû au système très rigide de castes : les membres de la caste la plus basse (les ‘intouchables’) sont les plus vulnérables, tout comme les membres des minorités ethniques et religieuses. Dans l’industrie textile l’esclavage est aujourd’hui devenu monnaie courante, et ce qui se passe dans la Zone Economique Spéciale de Dahej est symptomatique du cas indien : les entreprises s’installent, attirées par des avantages fiscaux octroyés, et les travailleurs viennent s’entasser dans des baraquements de fortune.
En 2014, le ministère de l’intérieur a lancé un « portail anti-trafic », qui regroupe toutes sortes d’informations sur l’esclavage et le trafic d’être humain (lois, statistiques, numéro vert pour les mineurs…). Il s’agit d’une étape intéressante certes mais elle apparait toutefois incomplète, car ce portail n’évoque à aucun moment les conditions de travail au sein des usines, car ces emplois sont officiellement légaux et sortent du cadre de l’esclavage à proprement parlé.

Slavery fight

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